Actualités
Éducation : faut-il encore apprendre des poèmes à l’heure de l’intelligence artificielle ?
Le temps des poèmes et des spectacles de fin d’année arrive, pour notre plus grand plaisir. Et pourtant, à heure ou l’intelligence artificielle apporte tous les savoirs en un « chat » (requête), immédiatement et sans effort, est-il démodé de demander à nos enfants d’apprendre par cœur ? La poésie en particulier a-t-elle encore un avenir ?
Quiconque a un jour écouté un enfant réciter un poème pour la fête des mères (ou la fête des pères) ou assisté à un spectacle où chaque enfant est si fier de tenir son rôle et de donner sa réplique, a sans doute ressenti que la poésie, comme un repas préparé avec soin, est un moment de communion, un présent offert à ceux qui l’écoutent.
Des vertus pédagogiques irremplaçables.
La poésie permet de développer les sens : « L’apprentissage de la poésie sollicite et peut permettre aux apprenants de développer leurs sens (visuel, auditif et kinesthésique) en traitant l’information répétée sous ces différentes formes : dire, répéter mais aussi se faire une représentation mentale visuelle, et/ou passer par le corps pour encoder l’information. En effet, la poésie donne un rythme, une cadence, elle peut être vécue à travers le corps et le souffle que l’on positionne de la bonne façon, au bon moment. » explique Clémentine Boissier, orthopédagogue à Lyon.
« Cet encodage multiple permettra une meilleure mémorisation à long terme (stockage) avec une réactivation à différents moments de la journée, sur plusieurs jours, pour ainsi maîtriser le passage à l’oral (récupération) devant toute la classe le jour venu. » précise Clémentine Boissier.
Pour les enfants dyslexiques, « la poésie est une occasion d’être évalués sur leurs compétences orales et non écrites, pour lesquelles ils sont souvent meilleurs. Cet exercice peut également valoriser leurs compétences artistiques et créatives au travers de l’illustration (dessin). »
Une autre expérience de la langue française
Enfin, la poésie loin d’être un art austère et démodé, est au contraire une porte d’entrée vivante sur la langue française.
L’étude de la langue, qui comprend la lecture, la grammaire, la conjugaison, l’orthographe et le vocabulaire, est souvient bien austère pour nos enfants. La poésie offre une autre approche : observer des vers, compter les syllabes, jouer avec les mots, leur sens et leur sonorité sont autant d’exercices amusants.
Le site Savio.fr propose d’ailleurs de nombreux poèmes, en lien avec les thèmes des parcours de progression. Les poèmes sont accompagnés d’activités pour inviter l’enfant à comprendre et à mémoriser le poème de façon ludique (remettre les vers dans l’ordre, trouver le sens des mots, etc.). Le nouveau parcours Savio CM2-6e sur la francophonie (prochainement en ligne) présente ainsi des poèmes de Maurice Carême dans le paysage de la Belgique.
Vous avez dit slam ?
Si vous avez des adolescents à la maison, vous aurez sans doute entendu parler du chanteur Grand Corps Malade, slameur-poète, auteur compositeur français né en 1977, qui a acquis sa notoriété par le slam.
Qu’est-ce que le slam ? Le slam est à l’origine une compétition de poésie dans la rue ou les cafés.
Le slam désigne de façon générale un art poétique urbain et engagé, dont le texte est dit et peut être accompagné d’un fond musical minimaliste. « C’est un instant de liberté d’expression, qui permet au slameur, sans musique ni costume ou accessoires, de prendre la parole pour dire un texte de sa création, face à un public. » (site du réseau Canopé cité plus loin).
Il est intéressant de noter que Grand Corps Malade a participé en 2016 à une recherche-action expérimentale au sein de l’Éducation nationale pour la diffusion du slam dans les écoles. Le réseau Canopé (le réseau de formation des enseignants de l’Éducation nationale) propose d’ailleurs un DVD pour accompagner les enseignants à mettre en œuvre un cycle slam dans leur classe, « pour jouer avec les mots et développer, sans même s’en rendre compte, des compétences orales et écrites conformes au programme. »
Un vrai voyage musical
Pour Léopold Sédar Senghor, autre poète francophone qui sera mis à l’honneur dans le parcours Savio sur la francophonie : « Le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps. »
Écouter un poème mis en musique est une expérience qui renouvelle l’approche de la poésie, la rend vivante et motivante pour les élèves, petits et grands. Quand Marc Lavoine chante Appolinaire, le cours de français prend un autre air !
N’hésitez donc plus et invitez vos enfants à stimuler leur mémoire et exprimer leur créativité par la poésie.
Si vous cherchez des idées de poèmes pour vos enfants :
Il existe de nombreux recueils de poésie pour les enfants, nous vous recommandons :
- Les plus belles poésies françaises pour les écoliers, Critérion, 2018, sélection de classiques de la poésie française, joliment illustrés et présentés par âge (5-6 ans, 7-9 ans, 10-11 ans)
- Une année en poésie : un poème à partager chaque jour, Gallimard-Jeunesse, 2020.
En ligne :
- Le site Tête à modeler propose des bricolages, des comptines et des poésies en français pour les jeunes enfants.
- Le site Jeux et compagnie propose une belle sélection, dommage que la publicité soit omniprésente.
- Vous pouvez également retrouver en ligne les poèmes les plus célèbres de Maurice Carême.
Pour des activités ludiques de français, dont la découverte de poèmes de la littérature enfantine : les parcours Savio pour revoir toutes les notions du programme de l’Éducation nationale du CE1 à la 6e.
Enfin, le site Le Printemps des poètes fournit de nombreuses informations sur l’actualité de la poésie en langue française, ainsi qu’un agenda des évènements en France et à l’étranger.
Partager
FacebookLinkedInXEmailCopier le lienLe lien a été copié!