Smartphone, tablette, ordinateur … les écrans font partie du quotidien des enfants.
Devenus leur principal moyen de communication et d’information, les écrans prennent également une place croissante dans leurs apprentissages, grâce aux plateformes éducatives telles que Savio pour le français, Matheros pour le calcul, Kokoro lingua pour l’anglais, et bien d’autres.
Mais les écrans peuvent devenir omniprésents et entraîner des effets négatifs sur la santé des enfants et des adolescents : déficit de sommeil, manque d’activité physique, problèmes de vue, baisse de la concentration.
Plus encore que l’écran lui-même, c’est l’accès à Internet qui inquiète : risques de harcèlement, exposition à des contenus inadaptés, dépendance au numérique.
Comment trouver le bon équilibre ?
Vous trouverez dans cet article les principales recommandations en la matière et des conseils pour accompagner les enfants à utiliser intelligemment les écrans.
Quel écran pour quel âge ? la règle du 3-6-9-12
Les conseils aux parents font l’objet d’une littérature abondante. Nous avons résumé les grandes recommandations qui viennent répondre à 4 questions :
– quel écran pour quel âge ?
– quelle durée ?
– dans quel cadre ?
– quid du téléphone portable ?
Le psychiatre Serge Tisseron*, spécialiste des relations aux objets technologiques, notamment ceux dont l’interface utilise un écran, a imaginé dès 2008 la règle du 3-6-9-12 pour répondre aux questions les plus pressantes des parents et des pédagogues :
– aucun écran avant 3 ans,
– pas de console et de jeu portable jusqu’à 6 ans,
– pas d’internet avant 9 ans
– et internet accompagné jusqu’à l’entrée en collège.
À la question combien de temps, les pédiatres** recommandent de fixer un temps très court quand l’enfant est jeune et ensuite de prolonger ce temps graduellement en fonction de son développement.
Comme base on peut se référer à la capacité d’attention moyenne d’un enfant par rapport à son âge :
– 3 à 6 ans : 20 min
– 6 à 8 ans : 30 min
– 8 à 10 ans : 45 min
– après 10 ans : 1 h
Ensuite et quelque soit l’âge, la règle des 4 pas de Sabine Duflo donne un cadre qui fait référence :
– pas le matin : les écrans fatiguent l’attention et empêchent la concentration, même à petite dose. Les résultats scolaires peuvent diminuer,
– pas pendant les repas, pour favoriser les échanges,
– pas dans la chambre, l’enfant doit apprendre à être seul et s’occuper sans écran
– pas avant de se coucher, afin de favoriser l’endormissement naturel.

Enfin, le rapport Enfant et écrans, à la recherche du temps perdu*** rendu en avril 2024 par la commission d’experts mandatée par le Président de la République pour évaluer l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans, a apporté des éléments pour encadrer l’utilisation des téléphones portables :
– pas de téléphone portable avant l’âge de 11 ans, soit l’entrée dans le secondaire ;
– à partir de 11 ans, si téléphone portable, qu’il soit sans connexion à Internet ;
– à partir de 13 ans, si téléphone connecté, qu’il ne permette pas d’accéder aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux ;
– à compter de 15 ans, âge symbolique de la majorité numérique, limiter l’accès aux réseaux sociaux à ceux pourvus d’une conception éthique.
Tous les écrans ne se valent pas
Vient ensuite la question du contenu des écrans.
De façon évidente, les contenus illégaux et violents sont à proscrire.
De façon plus sournoise, les réseaux sociaux, malgré leur diversité et leur apparente utilité, présentent eux aussi un danger.
Les neuroscientifiques mettent en garde contre les réseaux sociaux dont les interfaces sont conçues pour capter l’attention (Instagram, TikTok, Youtube, etc.)
« Leurs revenus sont directement liés à leur capacité à nous garder engagés le plus longtemps possible, analyse Florian Forestier***, spécialiste de régulation numérique. Leurs interfaces […] sont étudiées en conséquence pour activer certaines fonctions spécifiques de notre cerveau : l’écran qui défile sans fin, les notifications, les récompenses sociales […].
Ainsi, il existe une grande différence entre :
❌ Un écran passif : un enfant qui enchaîne des vidéos sans réfléchir devient passif et absorbe l’information sans la traiter.
✅ Un écran actif et éducatif qui demande à l’enfant d’interagir. Un enfant qui joue à un jeu éducatif où il doit résoudre des énigmes stimule son cerveau.
Tout est donc une question d’équilibre et de qualité des contenus. C’est d’ailleurs ce que rappelle la Société canadienne de pédiatrie***** dans son groupe de travail sur la santé numérique :
« Les médias sur écran peuvent améliorer la performance scolaire des enfants, enrichir leurs connaissances, accroître leur littératie et les aider à entretenir des relations positives avec leurs enseignants et leurs camarades.
Les émissions et les approches numériques peuvent favoriser à la fois l’apprentissage autonome et coopératif et stimuler la curiosité. »

Certaines écoles innovantes intègrent déjà les écrans comme support pédagogique (en photo, l’utilisation de Savio dans l’école Axis International), avec des résultats encourageants :
– meilleure motivation à apprendre grâce aux formats interactifs,
– développement de l’autonomie : les enfants apprennent à chercher l’information par eux-mêmes,
– acquisition de compétences numériques essentielles dès le plus jeune âge.
Le rôle essentiel des parents pour une utilisation saine des écrans
Le rôle des parents, des éducateurs et des enseignants, dans l’éducation des jeunes aux écrans est essentiel … mais bien difficile à mettre en oeuvre, comme le souligne le CLEMI (Centre pour l’éducation aux Medias et à l’information)******.
« Si de nombreux parents connaissent le raisonnable 3-6-9-12 – qui est au numérique ce que sont les cinq fruits et légumes par jour à l’alimentation saine –, sa mise en application est bien loin d’être une réalité partagée.
Il suffit de regarder autour de soi : les écrans servent parfois de baby-sitters dans les transports en commun, supermarchés, restaurants, etc. ou de « monnaie d’échange » dans les familles. » analyse Louise Tourret, journaliste, dans un article pour le CLEMI.
Interdire, et même limiter, n’est pas une mince affaire. Le CLEMI invite les adultes à aller au-delà et à apporter des messages plus intéressants aux enfants et aux adolescents quant aux usages des écrans. Deux questions sont fondamentales :
– la question de l’attention :
Pour les psychologues, c’est la question majeure. Il est nécessaire de faire comprendre aux enfants les mécanismes qui captent l’attention et leur apprendre à réfléchir malgré les sollicitations des écrans.
– apprendre à apprendre avec les écrans :
Il ne s’agit plus de se demander si l’éducation d’aujourd’hui doit intégrer les compétences numériques, mais comment les transmettre intelligemment. Les enfants grandissent dans une société où la connaissance circule en permanence — et souvent d’abord sur internet.
Il est donc essentiel de leur apprendre à donner la juste place aux écrans, à les considérer comme un média parmi d’autres, et à exercer un regard critique sur les contenus auxquels ils sont exposés.
C’est ainsi qu’ils pourront devenir des utilisateurs éclairés, capables d’apprendre, de créer et de s’informer en toute sécurité.
Sources :
* TISSERON Serge, 6-9-12+ Apprivoiser les écrans et grandir
Éditions érès, 2024, nouvelle édition actualisée, 180p. Disponible à l’adresse : https://www.3-6-9-12.org
** ASSOCIATION FRANÇAISE DE PÉDIATRIE AMBULATOIRE, Dossier les écrans et l’enfant. Disponible à l’adresse : https://afpa.org/dossier/ecrans/
*** BOUSQUET-BÉRARD Carole, ALEXANDRE Pascal, Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu. Rapport officiel, 30 avril 2024. PDF – Enfants et écrans | À la recherche du temps perdu
**** FORESTIER Florian, BROADBENT Stefana, KHAMASSI Mehdi, ZOLYNSKI Celia, Pour une nouvelle culture de l’attention – que faire de ces réseaux sociaux qui nous épuisent ? Odile Jacob, 2024, 272p.
***** SOCIETE CANADIENNE DE PEDIATRIE, groupe de travail sur la santé numérique, Ottawa (Ontario), Les médias numériques : la promotion d’une utilisation saine des écrans chez les enfants d’aga scolaire et les adolescents, Pédiatrie et santé infantile, Volume 24, n 6, septembre 2020, pp. 409-4017. Disponible à l’adresse: https://academic.oup.com/pch/article/24/6/409/5560298
******TOURRET Louise, Ecrans l’urgence d’éduquer, Centre pour l’éducation à l’Information et aux médias, disponible à l’adresse : https://www.clemi.fr/familles/publications/le-guide-de-la-famille-tout-ecran/gerer-le-temps-des-ecrans/ecrans-lurgence-deduquer